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Gustave MOREAU (Paris, 1826 - 1898)
Déesse au rocher
Estimate:
€80,000 - €120,000
Sold :
€98,400

Complete Description

Déesse au rocher
Huile sur panneau

(Restaurations)


Goddess on the rocks, oil on panel, by G.Moreau

7.28 x 7.09 in.

18 cm x 18.5 cm
Provenance:

Vente anonyme ; Versailles, Paul Martin, 27 novembre 1961, n° 116 (titré La Reine de Saba) ;

Vente anonyme ; Paris, Hôtel Drouot, Crait & Müller, 15 décembre 2023, n° 116 (comme Ecole Symboliste, dans le goût de Gustave Moreau) ;

Collection particulière, Provence-Alpes-Côtes-d'Azur

Bibliography:

Pierre-Louis Mathieu, Gustave Moreau, sa vie, son Å“uvre, catalogue raisonné de l'Å“uvre achevé, Paris, 1976, p. 354, n° 374, repr. 

Pierre-Louis Mathieu, Gustave Moreau. Monographie et Nouveau catalogue de l'œuvre achevé, Paris, 1998, p. 405, n° 412, repr.

Comment:

Il est des sujets qu’une longue méditation ne suffit pas à épuiser, tant leur simple évocation renouvelle chaque fois notre manière de les aborder. L’œuvre de Gustave Moreau est de ces énigmes mystérieuses. Symboliste avant l’heure, classique dans le choix de ses sujets mais révolutionnaire par l’utilisation de sa couleur, le peintre de Salomé personnifie avec merveille la transition qui s’opère dans la seconde moitié du XIXe siècle, entre le monde d’hier et la modernité.

Dans le panneau que nous présentons ici, la ligne honore les qualités académiques du peintre, mais tranche avec un formidable déploiement de tonalités, appliquées avec une nervosité caractéristique autour d’une lumineuse figure de déesse. Un procédé habituel chez celui qui s’investit équitablement dans la rigueur du dessin et l’inventivité de la palette. La silhouette du sujet est ainsi gracieusement valorisée par le choix des couleurs, la nimbant en arrière-plan d’une aura mystérieuse. Il est intéressant de constater que la référence à la féminité, parfois invoquée par mépris, voire dégoût chez Moreau, se découvre ici dans un indicible charme aux allures de culte dévoué.

Cette Å“uvre est à mettre en relation avec l’aquarelle conservée au musée d’art moderne de Yokohama (30,2 x 19,7 cm, fig. 1). Leur proximité soulève quelques interrogations. S’il est admis que l’artiste en produit tout au long de sa carrière, comme travail préparatoire souvent, c’est avec un tel succès parfois, que le tableau qui en découle s’efface devant la pureté de son ébauche. Par ailleurs, il est autant difficile d’estimer le délai qui les sépare, que de déterminer la véritable destination du projet global. S’agit-il d’une première tentative pour un tableau plus ambitieux qui n'a jamais été réalisé ? Sans doute faut-il chercher des éléments de réponse dans le contexte qui voit la création de ces deux Å“uvres. Vers 1890, s’il est au sommet de sa carrière, Gustave Moreau est également au soir de sa vie. En même temps que surviennent les ultimes hommages d’un peintre reconnu, l’homme doit souffrir la perte de ses compagnons les plus chers. En 1880, il expose au dernier salon. Quatre ans plus tard, sa mère vient à mourir, suivie en 1890 par Alexandrine Dureux, « sa meilleure et unique amie Â». Entre-temps, il est élu en 1888 à l’Académie des Beaux-Arts et en 1891, après avoir longtemps résisté, il accepte de devenir professeur à l’Ecole des Beaux-arts. Ce dernier élément mérite une attention particulière, puisqu’il oblige à reconsidérer l’atmosphère solitaire qui fait la réputation de l’artiste. La génération de ses jeunes élèves, parmi lesquels Rouault, Matisse - pour ne citer que les plus célèbres - forment une sorte d’atelier qu’il reçoit chez lui dans l’espoir de transmettre son admiration pour les maîtres anciens. Impressionnés par sa profonde culture et la forte personnalité de son Å“uvre, certains d’entre eux peuvent avoir profité de ce cadre pour s’inspirer de son travail, sans qu’il ne soit connu de résultat probant jusque ici.

La Déesse au rocher conserve cette part de mystère si chère à son créateur, et dont il tire le charme incomparable que l’on accorde à l’authentique extravagance. Avec ce titre sobre, il est difficile de proposer une identification à quelque divinité ou Cléopâtre que ce soit, mais on sent une présence certaine, celle de la femme magnétique et envoûtante qui semble tout droit sortir d’un rêve enchanté, comme seul Gustave Moreau devait en faire.

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