En acajou, placage d’acajou, filets de bois teinté façon ébène et de buis, ornementation de bronze ciselé et redoré, dessus de marbre blanc veiné, la ceinture ornée d’une frise à décor de canaux et asperges ouvrant par trois tiroirs dont deux à vantaux, soutenue par des montants en pilastre réunis par une tablette d’entretoise ceinte d’une galerie ajourée, le panneau arrière et l’entretoise à décor de losanges, les pieds en gaine ceints d’une bague à décor de feuillage déchiqueté, estampillée J. H. RIESENER sur les deux montants arrière, étiquette imprimée inscrite “CHRISTIE’S EA 733/34” sous la ceinture
H. : 92,5 cm (36 ½ in.)
l. : 132 cm (52 in.)
P. : 51,5 cm (20 ¼ in.)
Jean-Henri Riesener, reçu maître en 1768
Provenance :
Ancienne collection E.G, A.K and B.J Milligan, Caldwell Hall, Burton-on-Trent, Staffordshire ;
Vente Christie’s Londres, le 24 novembre 1960, lot 103 (partie de lot) (cfr. Fig. 1) ;
Vente Christie’s Londres, le 9 mai 1983, lot 109 ;
Ancienne collection de Monsieur et Madame Franklin Groves ;
Leur vente, Christie’s New York, le 15 octobre 1988, lot 114 (cfr. Fig. 2) ;
Ancienne collection Kathleen et Martin Field ;
Vente Sotheby’s New York, le 20 octobre 2018, lot 10 ;
Acquise au cours de cette dernière par le propriétaire actuel.
Bibliographie :
P. Kjellberg, Le Mobilier Français du XVIIIe siècle, Les Éditions de l’Amateur, Paris, p. 755, Fig. a (reproduite).
A Louis XVI gilt-bronze mounted and mahogany console desserte, stamped by Jean-Henri Riesener
Cette élégante console desserte aux lignes sobres et architecturées, est frappée par l’estampille de Jean-Henri Riesener, sans doute le plus talentueux des ébénistes de l’époque Louis XVI et fournisseur attitré du garde-meuble de la Couronne à partir de 1774.
Stylistiquement datable du milieu des années 1780, elle fut conçue à une époque où les pièces de mobilier spécifiquement dessinées pour les salles à manger étaient encore relativement une nouveauté dans les intérieurs français en suivant la mode anglaise et l’historique traité de commerce entre Londres et Paris qui se traduira par une popularité de l’utilisation de l’acajou dans les pièces de mobilier.
La marqueterie à motif de losanges avec une double ligne de bois teinté que l’on retrouve sur le fond de nôtre exemplaire, fut spécifiquement introduit par Riesener au milieu des années 1780 et mentionné à l’époque comme « satiné gris ».
Ceci se retrouve sur un certain nombre des pièces réalisées par ce célèbre ébéniste pour les appartements de la reine Marie-Antoinette au Palais de Tuileries en 1784 tel un bureau à cylindre aujourd’hui dans les collections du musée du Louvre (inv. OA 5226) ou une table de toilette conservée au Petit Trianon (cfr. D. Meyer, Le Mobilier de Versailles, Éditions Faton, Vol. I, p. 244-246) ou bien une commode avec les marques du Petit Trianon illustrée dans A. Pradère, Les Ébénistes Français de Louis XIV à la Révolution, Chêne, 1989, p. 382, Fig. 467.
La parure des bronzes que présente notre desserte alliant une frise à motif de canaux et asperges, un tablier à décor de feuilles d’acanthe terminé par une pomme de pin et des pieds sabots à feuilles d’acanthe finement déchiquetées est typique du répertoire décoratif de Riesener.
À ce propos, rappelons qu’on retrouve cette même ornementation de bronze sur une commode datable circa 1785 avec les marques du Petit Trianon illustrée dans A. Pradère, Les Ébénistes Français de Louis XIV à la Révolution, Chêne, 1989, p. 382, Fig. 467, une commode livrée pour Madame Elisabeth à Versailles en 1783 du Detroit Institute of Arts (cfr. H. Jacobsen, Jean-Henri Riesener, Cabinet-maker to Louis XVI & Marie-Antoinette, The Wallace Collection, p. 87 Fig. 77, une autre livrée pour la Reine Marie-Antoinette vers 1785 et avec la marque du Garde Meuble privée de la reine aujourd’hui au Petit Trianon (cfr. P. Arizzoli Clementel, Le Mobilier de Versailles, Éditions Faton, Vol. II, p. 152-153), sur une commode et un secrétaire à abattant livrés pour Marie-Antoinette vers 1780 qui se trouvent à la Frick collection de New York (cfr. T. Dell, Furniture in the Frick Collection, New York, 1992, p. 71-90) ou bien sur une console desserte attribuée à Riesener et provenant de l’ancienne collection Schlumberger (vente Sotheby’s Monaco les 26-27 février 1992, lot 45).
Parmi les rares consoles dessertes comparables estampillées ou attribuées à Riesener, rappelons :
-La pièce provenant de l’ancienne collection de la Vicomtesse Vigier (vente à Paris, Palais Galliera,
le 3 juin 1970, lot 145) et aujourd’hui conservée au Petit Trianon de Versailles (cfr. Fig. 3).
-La pièce non estampillée également provenant de l’ancienne collection de sœurs Milligan et vendue en paire avec la nôtre au cours de la vente de 1960, puis séparée avant d’être revendue chez Sotheby’s New York, le 31 octobre 1987, lot 133 (fig. 4)
-La console estampillée vendue à Paris, Hôtel Drouot, le 1er juin 1949, lot 108 (fig. 5)
-La console estampillée provenant de l’ancienne collection Dimitri Mavrommatis (vente Sotheby’s Londres, le 8 juillet 2008, lot 46), (fig. 6).
-L’exemplaire estampillé vendu chez Christie’s Londres, le 13 novembre 2018, lot 334 (fig. 7)