« J’espère que ta flottille t’aura donné satisfaction lors des récentes manœuvres en Méditerranée. En tout cas, ç’aura été pour le chef et pour la flottille une excellente occasion de se souder l’un à l’autre. J’espère aussi que l’ensemble des opérations auxquelles tu as pris part t’auront donné l’impression de la puissance et de la vigueur, compte tenu des défauts, inévitables dans toute œuvre humaine. Plus vont les choses, plus je crois que l’orientation des alliés atlantiques va se préciser vers la stratégie atomique et périphérique, avec tout ce qui s’y rattache d’aérien et de maritime. Je suis de plus en plus convaincu que la France ne doit à aucun prix se laisser séparer de l’Union Française et qu’il lui faut en première urgence une force navale et aéronavale. Je compte l’affirmer publiquement à la première occasion. Non sans peine j’aurai pu, je crois, empêcher la sottise suprême qu’aurait été l’armée dite “européenne”. Maintenant il faut construire quelque chose de tout différent.
Vous voilà donc installés dans votre appartement d’Oran et voilà le petit Charles en classe. J’en suis bien content. Rien, en effet, n’est plus important que de le mettre en avance pour ses études et, en tout cas, de ne lui laisser aucun retard. D’autre part, la “qualité” de l’enseignement qu’il reçoit et le “milieu” dans lequel il s’instruit ont une extrême importance. Il faut toujours choisir le meilleur cours puis le meilleur collège, quelles que soient les difficultés. Nous nous félicitons, Maman et moi, de l’avoir fait naguère pour toi et pour Élisabeth.
L’insigne de la 6 F est sur mon bureau, attaché au portrait du petit Charles »…
LNC, II, p. 1100.