Sur la situation politique et morale et sur ses Mémoires de guerre.
2 février. « Tu ne saurais croire combien j’ai été heureux et fier de te voir figurer au tableau de concours pour la rosette. Henriette nous en avait avertis. J’ai fait venir le tableau et je constate que tu y es le seul lieutenant de vaisseau auprès de tant de frégatons et corvettards. C’est la preuve par 9 de tes services de guerre et de tes vols aéronavals. À tous égards tu es lancé maintenant au point de vue de ta carrière et de ta réputation. Je n’ai pas besoin de te recommander de travailler pour le prochain examen. Mais je te vois tout à fait en tête de ta génération. Nous te suivons par la pensée dans ton actuelle croisière »…
21 février. « Peu à peu, des signes apparaissent d’un léger changement dans l’état d’esprit de la masse française quant aux affaires de la France. Chez quelques-uns, il y a, maintenant, une franche excitation. Chez la plupart, on constate moins d’indifférence et d’abandon qu’il y a quelques mois : j’en reçois moi-même des témoignages croissants. Cela ne m’empêche pas, pour le moment, de travailler dur aux Mémoires dont je suis en train d’écrire le 8e et dernier chapitre du 2e tome (L’Unité).
Nous comptons aller à Toulon, Maman et moi et, peut-être, Élisabeth pour la première communion privée du petit Charles. […]
Il fait ici, depuis tantôt un mois, un froid très dur et très tenace. Je n’en ai jamais vu en France d’aussi prolongé dans une pareille âpreté : il y a de gros dégâts, surtout dans le Midi (oliviers, orangers, fleurs, légumes). Philomène et Louise nourrissent les oiseaux de la Boisserie qui en ont le plus grand besoin »…
16 mars. « Comme tu le sais, nous sommes allés à Toulon, ta Maman et moi accompagnés par Élisabeth, pour la première communion privée du petit Charles. Nous avons trouvé Henriette et vos trois enfants en très bonne santé et avons été ravis de les revoir. […]
Je pense à toi qui dois être encore dans les perplexités au sujet de ton retour et dans la tension d’esprit du travail préparatoire. Plus les choses sont incommodes, plus il faut être maître de soi.
À Paris, l’atmosphère est sombre. On a l’impression d’une espèce de gestation. Mais je crains que cela n’éclose qu’à l’occasion d’une catastrophe (révolte générale en Afrique) »…
LNC, II, p. 1202, 1205 et 1206.