(Restaurations)
Dans un cadre en chêne sculpté et doré, travail français d'époque Louis XIV
The Abduction of Europa, oil on paper laid down on canvas, by J.-B. M. Pierre
16.73 x 13.33 in.
Notre esquisse peut être rattachée à deux œuvres : L'Enlèvement d'Europe peint en 1750 pour Claude-Henri Watelet, aujourd'hui conservé au musée de Dallas (P. 125, fig. 1)1 et avec le tableau peint en 1757 pour la tenture dite des Amours des dieux destinée au marquis de Marigny, détruit à Arras lors de la Première guerre mondiale (*P.195)2.
Elle peut en effet aussi bien être considérée comme une œuvre préparatoire pour l'un ou l'autre de ces deux tableaux, selon que l'on s'attache à sa composition ou à son format.
La composition se rapporte davantage au premier tableau qui se déroule sur l'eau (même si le sens général de lecture est inversé) qu'au second dont la scène a lieu sur le rivage. Cependant, le format carré de l'esquisse est problématique car la commande de Watelet avait une destination précise. L'œuvre finale devait s'adjoindre aux deux tableaux de François Boucher provenant de la collection de l'avocat Derbais pour qui Boucher les avait peints en 1732 et que Watelet possédait en 1750. Le format légèrement en longueur était donc important dès l'origine pour respecter l'harmonie des trois œuvres qui demeurèrent ensemble dans tous les domiciles de Watelet et furent vendues ensemble à son décès3.
Le format carré et les dimensions pourraient donc davantage correspondre à l'esquisse du carton Marigny cataloguée sous le *P. 1944 du catalogue de Nicolas Lesur et restée un temps avec l'esquisse conservée à Auxerre (P. 227)5 d'un autre carton de tapisserie des Gobelins conservé au musée du Louvre (P. 228)6. Toutefois, une autre esquisse de format carré, à la composition beaucoup plus proche du tableau d’Arras est récemment réapparue (Paris, galerie Talabardon et Gautier ; sa vente, Paris, Hôtel Drouot, Ader, 21 mars 2023, n° 7, repr. coul. au catalogue). Cette dernière pourrait tout à fait correspondre au *P. 194.
Aussi selon Nicolas Lesur, notre esquisse a pu être peinte pour préparer le carton destiné aux Gobelins. Pierre aurait alors puisé son inspiration dans l'œuvre réalisée quelques années auparavant pour Watelet, ce qui a pu conduire Marigny à lui demander de repenser sa composition pour une idée plus neuve qui aurait abouti à la seconde esquisse puis au carton anciennement conservé à Arras.
Nous remercions Monsieur Nicolas Lesur de nous avoir aimablement confirmé l'authenticité de cette œuvre par un courriel en date du 1er septembre 2025 ainsi que pour son aide précieuse à la rédaction de cette notice.
1. Nicolas Lesur, Olivier Aaron, Jean-Baptiste Marie Pierre 1714-1789. Premier peintre du roi, Paris, 2009, p. 261-262.
2. Ibid., p. 284-285.
3. Leur association avait d'ailleurs été soulignée par Paillet qui rédigea le catalogue.
4. Nicolas Lesur, Olivier Aaron, op. cit., p. 284.
5. Ibid., p. 299.
6. Ibid., p. 299.