Monogrammé ‘Ph W’ en bas à gauche
The halt during the falcon hunt, oil on oak panel, by P. Wouwerman
15.55 x 21.85 in.
Collection Antony Sijdervelt ;
Sa vente ; Amsterdam, 23 avril 1766, n° 1 (acquis lors de cette vente par Van Diemen pour Braamcamp pour 1230 fl.) ;
Collection Gerrit Braamcamp (1699-1771), Amsterdam ;
Sa vente ; Amsterdam, Van der Schley, 31 juillet 1771, n° 283 (acquis par P. Oets pour 1175 fl.) ;
Collection du prince Dimitri Alexeievich Galitzine (1734-1803), Saint Pétersbourg, son étiquette gravée ainsi que son cachet de cire rouge au verso ;
Collection du prince Nicolas Borissovitch Youssoupoff (1750-1831), Saint Pétersbourg, son cachet de cire ainsi qu'une étiquette au verso ;
Probablement par descendance au prince Boris Nicolaevitch Youssoupoff (1794-1849) ;
Probablement par descendance à la princesse Zinaïda Nikolayevna Youssoupoff (1861-1939) puis au prince Felix Felixovitch Youssoupoff (1887-1967) ;
Collection particulière, Suède, en 1919 ;
Vente anonyme ; Londres, Sotheby’s, 9 décembre 1992, n° 14 ;
Galerie Richard Green, Londres, 1993-1994 ;
Collection particulière, Royaume-Uni ;
Chez Johnny van Haeften, Londres, 2015 ;
Collection particulière, Belgique
John Smith, A catalogue raisonné, vol. I, Londres, 1829, p. 228, n° 93
Peut-être Gustav F. Waagen, Die Gemäldesammlung in der Kaiserlichen Eremitage in St. Petersburg nebst Bemerkungen über andere dortige Kunstsammlungen, Munich, 1864, p. 415
Probablement Cornelis Hofstede de Groot, Beschreibendes und kritisches Verzeichnis der Werke der hervorragendsten holländischen Maler des XVII Jahrhunderts, vol. II, Esselingen, Paris, 1908, p. 461, n° 677
Clara Bille, De tempel der kunst of het cabinet van den Heer Braamcamp, Amsterdam, 1961, vol. 2. p. 68-68a
Birgit Schumacher, Philips Wouwerman (1619-1668). The Horse Painter of the Golden Age, 2 vols., Doornspijk, 2006, vol. 1, p. 227, n° A144, vol. 2, ill. n° 135
L’œuvre de Philips Wouwerman se compose de paysages, batailles et parties de chasse dans lesquels les montures des personnages jouent un rôle de premier plan. Outre cette production, il réalise des personnages pour le compte d'autres artistes actifs à Haarlem tels que Jacob van Ruisdael, Jan Wijnants et Cornelis Decker afin d’agrémenter leurs paysages. Particulièrement prolifique en dépit d’une carrière relativement courte, Wouwerman laisse un œuvre de près de 600 peintures. Parmi les sujets de prédilection du peintre se trouvent ces scènes de chasse. Notre tableau est probablement à situer à la fin de la carrière du peintre, même s’il est difficile de proposer une date précise de réalisation en raison de l’absence d’œuvres datées au cours des quinze dernières années de la carrière du peintre. Le motif du cheval blanc rappelle celui qui figure sur le tableau du Rijksmuseum daté des années 1662-1664 (n° SK-A-484). Par ailleurs, Wouwerman interprète un sujet similaire dans un tableau conservé à la Mauritshuis (Galerie du prince Willem V, n° d’inv. 216) sans doute réalisé vers 1660-1670.
Sur notre beau panneau, deux élégants couples richement habillés conversent et laissent leurs montures s’abreuver auprès d’une fontaine située aux abords d’une ruine au cours d’une chasse au faucon. Ils sont accompagnés de leurs chiens, rabatteurs et équipage. Comme à son habitude, les nuages jouent un rôle important chez Wouwerman. Ils se déploient ici, dans une envolée lyrique, sur une grande partie du panneau et animent ce remarquable paysage vallonné à la lumière rosée du matin. Ces scènes largement narratives de Wouwerman, qui se plaît à représenter une multitude de détails amusants comme ce personnage buvant de l’eau de la fontaine à l’aide de son chapeau, étaient particulièrement populaires et avidement collectionnées aux XVIIIe et XIXe siècles. Elles atteignaient régulièrement certains des prix les plus élevés pour des peintures de l’âge d’or néerlandais dans son pays d’origine mais aussi en France et en Angleterre. C’est le cas de notre tableau qui provient d’importantes collections dont celle de l’amateur d’art Gerrit Braamcamp qui fit fortune dans le commerce du bois (fig. 1). Il réunit en trente ans une impressionnante collection de peintures flamandes et néerlandaises. Notre panneau est ensuite acquis par Dimitri Alexeievitch Galitzine (fig. 2), membre d’une importante famille russe et célèbre pour son rôle d’intermédiaire dans les acquisitions de Catherine II de Russe d’abord à Paris (1756-1793), puis à La Haye (1769-1782)1. Cet homme érudit passa la majeure partie de sa vie à l’étranger dans le cadre de ses fonctions diplomatiques. Nous savons qu’il achète plusieurs œuvres lors de vente du célèbre cabinet de Gerrit Braamcamp pour le compte de Catherine II ainsi que pour son cousin Alexander Mikhailovitch Galitzine (1723-1807)2 mais aussi pour lui-même3. Le tableau entre ensuite dans les collections de Nicolaï Borissovitch Youssoupoff (fig. 3) qui, lui aussi dans le cadre de ses fonctions d’ambassadeur pour Catherine II de Russie, réunit une importante collection de peintures. Nous savons qu’il étudie au Pays-Bas et qu’il y rencontre Dimitri Galitzine à qui il demande une recommandation auprès de l’université de Leyde pour pouvoir s’y inscrire4. Etabli dans la Breestraat à Leyde, il débute sa collection d’œuvres d’art et de livres. Au XVIIIe siècle, il était de bon goût de posséder un tableau de Philips Wouwerman. Or, ces princes russes étaient très au fait des artistes alors en vogue et savaient donner les bonnes orientations à leur collection.
1. C’est lui qui achète pour le futur musée de l’Ermitage le Retour du fils prodigue de Rembrandt en 1766.
2. Voir à ce sujet l’article d’Olga Popova, “Structure and connections of Alexander Golitsyn’s agents network on the European art market of the 2nd half of the 18th century”, MODOS Revista de Historia da Arte, volume 1, n° 3, septembre-décembre 2017, p. 14.
3. Il en va ainsi du tableau de Jan ten Compe du musée d’Amsterdam, n° SA 562.
4. Nous renvoyons à ce sujet à l’ouvrage de Sergej Androsov, Boris I. Asvarischch, Vincent Boele et Ekaterina Deryabina, Collectors in St Petersburg, Zwolle, 2006, p. 38-39 et 43.