Il évoque la cabale dirigée contre lui, et le soutien du Général… « vous êtes, à mes yeux de philosophe, un être absolument à part et dont on pourrait dire ce que S. Thomas enseignait de l’Ange : qu’il est une espèce à lui tout seul. L’engrenage de circonstances et une conception différente du Bien commun m’ont tenu hors de votre orbe. En lisant vos Mémoires, j’ai mieux compris votre pensée dominante. Puis-je avouer qu’un mystère demeure encore : c’est votre attitude, après la guerre, envers ceux qui étaient dans l’axe Pétain, qui étaient nobles, et dont l’action passive était la condition du succès de la vôtre ? Je pense que cela s’éclairera au Jour du Jugement, si les problèmes nationaux alors ne s’évanouissent pas ». Quant à son livre sur Jésus, « j’y ai employé une méthode qui vous plaira : faire face hardiment et déboucher dans la lumière, moins par la lumière que par l’impossibilité de solutions contraires à la lumière. Il me semble que l’héroïsme et la foi ont ceci de commun qu’on y est acculé »…
On joint une L. A. (minute) du général de GAULLE à Jean Guitton, 27 novembre 1956 (2 p. in-8 à son en-tête), après la lecture de son Invitation à la pensée et à la vie : « J’admire comment, de la triste captivité, vous avez su faire jaillir une philosophie d’une aussi haute qualité. Pendant la grande épreuve nationale, vous étiez, d’esprit, éloigné de moi. Peut-être l’êtes-vous moins aujourd’hui, dès lors que sont venus à vous certains cris et certaine lumière. Soyez assuré, en tout cas, que je tiens votre pensée et votre talent pour des biens précieux de la France »…
On joint aussi la brochure de J. Guitton, L’Art de penser et la conduite de la guerre (École supérieure de Guerre, novembre 1956) avec envoi autographe : « Au Général de Gaulle, avec toute ma gratitude pour sa lettre et mon respectueux hommage Jean Guitton » (de Gaulle a noté sur le titre : « Moi C. »)