Signée et datée 'B. Gagneraux. 1787.' en bas à gauche
Face of a white horse, canvas, signed and dated, by B. Gagneraux
29.33 x 23.70 in.
SignalĂ©e dans lâinventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de l'artiste Ă Florence, dressĂ© le 2 septembre 1795, n° 10 : « Deux tableaux peints sur toile oĂč sont deux tĂȘtes de cheval, bordures dorĂ©es, larges 1 brasse et hauts 1 br. et 1/3 » ;
Probablement dans la collection du neveu de lâartiste, lâarchitecte BĂ©nigne Claude Alfred Chevrot, dit Alfred Chevrot (1820-1895), fils dâAgathe Gagneraux, fille de lâartiste, en 1846 ;
Puis par descendance jusquâau propriĂ©taire actuel;
Collection particuliĂšre, Ile-de-France
Explications des ouvrages présentés à l'exposition de la société des amis des arts de Dijon ouverte au musée de la ville, Dijon, 1849, sous le n° 273
Probablement Henri Baudot, "Eloge historique de Bénigne Gagnereaux", Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles lettres de l'Académie de Dijon, années 1845-1846, p. 216-217
Birgitta Sandström, Bénigne Gagneraux, Edsbruk, 1981, p. 256
Birgitta Sandström, BĂ©nigne Gagneraux 1756-1795 : Ă©ducation, inspiration, Ćuvre, thĂšse de doctorat Ă l'universitĂ© de Stockholm, 1981, p. 136-137, n° 10b, reproduit fig. 37
Pierre Georgel, Catherine Gras, Monique Geiger, Marguerite Guillaume, Bénigne Gagneraux (1756-1795) un peintre bourguignon dans la Rome néo-classique, cat. exp. Dijon, Musée des Beaux-Arts de Dijon, 1983, p. 17
Sylvain LaveissiĂšre et al., BĂ©nigne Gagneraux (1756-1795), un pittore francese nella Roma di Pio VI, cat. exp. Rome, Galleria Borghese, p. 111, repr. fig.17 (notice par Sylvain LaveissiĂšre)
Notre toile constitue l'un des six extraordinaires "portraits" de chevaux qui permettent de définir Bénigne Gagneraux comme le grand peintre en la matiÚre dans la seconde moitié du XVIIIe siÚcle, entre Stubbs et Géricault. Au début de l'année 1786, les Etats de Bourgogne commandent à notre artiste deux grandes toiles, La Bataille de Seneffe et Le Passage du Rhin à Tholhuis (musée des Beaux-Arts de Dijon, pour la premiÚre), pour une série de six grands tableaux narrant les victoires du Grand Condé dans le but de décorer leur palais de Dijon. Leur ambition était de rendre hommage à la famille du gouverneur de la province, Louis V Joseph de Bourbon-Condé (1736-1818), septiÚme prince de Condé. La Révolution a probablement mis fin à cette entreprise, la limitant à deux compositions achevées.
Pour prĂ©parer le tumulte des charges de cavalerie figurĂ©es sur ces deux Ćuvres, l'artiste rĂ©alise en 1787 plusieurs Ă©tudes de chevaux : Cheval effrayĂ© Ă la vue d'un serpent (Dijon, musĂ©e Magnin), Cheval sellĂ© vu en raccourci dans un paysage (collection particuliĂšre), Cheval sellĂ© vu de profil (galerie Jean-Luc Baroni et Emmanuel Marty de Cambiaire) et la TĂȘte de cheval noir (collection particuliĂšre), la plus proche de notre toile, par ses dimensions et sa mise en place identique. Pour justifier son retard Ă livrer le Passage du Rhin, l'artiste Ă©crivait Ă François Devosge, alors fondateur de lâĂ©cole de dessin et directeur du musĂ©e des Beaux-Arts, le 5 janvier 1792 : "ce sont les Ă©tudes particuliĂšres du cheval qui m'ont retardĂ© ... j'en ai fait de trĂšs sĂ©rieuses". DĂšs le dĂ©part, il les envisage probablement comme des tableaux autonomes pouvant ĂȘtre vendus Ă des amateurs. Deux d'entre eux, montrant des chevaux entiers, sont destinĂ©s, et peut-ĂȘtre livrĂ©s, Ă "Monsieur Calandrin", qui nâest autre que le banquier genevois François Calandrini (1729-1801).
ElÚve de François Devosge à Dijon, Bénigne Gagneraux est pensionné à Rome, aux frais de la province de Bourgogne, en 1776. Il décide de rester dans la ville italienne, se constitue une clientÚle française, italienne, puis européenne, recevant des commandes du roi Gustave III de SuÚde. A la date de notre toile, en 1787, il est au sommet de sa réputation avec la réalisation du plafond ayant pour sujet Jupiter et Antiope pour la villa BorghÚse, unanimement admiré alors. AprÚs les émeutes antifrançaises et antirévolutionnaires dans la ville éternelle de 1793, Gagneraux se réfugie à Florence.
Par sa prĂ©sence, le regard semblant Ă©voquer une Ă©motion humaine, son cadrage resserrĂ©, notre tableau prĂ©figure la cĂ©lĂšbre TĂȘte de cheval blanc de GĂ©ricault (musĂ©e du Louvre), datĂ©e de 1814-1815, laquelle, Ă©tonnamment, n'a pas Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e d'aprĂšs nature mais en s'inspirant d'une gravure de Gilles Demarteau d'aprĂšs Carle Vernet (1800).