Lettres du jeune officier saint-cyrien à ses parents.
Il a été d’abord affecté au 33e régiment d’infanterie, cantonné à Arras, et a été promu caporal.
Arras 12 janvier 1910. Il écrit à son « cher Papa » de la « Coopérative » de son quartier, dans une salle « réservée aux épistoliers »… « D’ici à dix jours (quinze jours au plus tard), aura lieu l’examen des élèves-caporaux qui sont susceptibles de passer à quatre mois. La préparation de cet examen nous occupe réellement beaucoup. Outre ce que nous avons à savoir en théorie (et ce n’est pas à dédaigner), nous étudions aussi la pratique, c’est-à-dire l’art de faire bonne figure devant la troupe et de la commander comme il convient ; qu’il s’agisse de l’école du soldat ou de l’école de section. » Il doit faire samedi une conférence devant tout le bataillon. « Nous revenons d’une marche de vingt-quatre kilomètres qui a été assez fatigante à cause de la pluie et de la boue des chemins. C’est d’un bon entraînement pour les marches d’épreuve qui se feront bientôt, et qui, paraît-il, sont un exercice assez dur. Jusqu’à présent, d’ailleurs, la marche ne m’a jamais paru difficile, même avec notre chargement actuel qui ressemble fort au chargement complet : c’est effectivement du côté du sac que j’attendais, pour mon compte, les ennuis. Ils ne se sont pas produits »…
11 août 1910. La carte postale représente « ma section entrant dans le village de Sissonne ; le lieutenant Riquier la commande. Si nos hommes sont fatigués, songez que nous avons déjà 25 km avec le sac dans les jambes et sans grand’halte ». Charles de Gaulle est repéré sur la photo, le plus à gauche du rang.
Saint-Cyr 20 octobre 1910, à sa mère. « La première semaine de mon séjour à Saint- Cyr s’achève, au milieu de la pleine activité qui y régnera désormais pour moi. Nos journées sont mieux que remplies avec nos cours, nos études, nos exercices militaires, l’escrime, le cheval, l’astique, la gymnastique, etc., et nous sommes, en dépit d’un an de régiment, un peu courbaturés par ces débuts très brusques d’occupations si diverses ». Il s’inquiète de la santé de son frère Pierre… « Le temps ici est abominable depuis deux jours et a changé en un cloaque le plateau de Satory où nous pataugeons de une à quatre pour l’exercice. Notre sortie de dimanche sera subordonnée à deux questions, celle des grèves qui me semble-t-il est résolue et celle de l’habillement qui ne l’est pas tout à fait »…
LNC, I, p.54, 55 et 56.
On joint une carte postale a.s. à sa mère, de Nancy [1911 ?] ; plus la reproduction d’une carte postale à son père (11 mars 1911).