Reposant sur un piédouche orné d’une frise de feuilles de lauriers. Le bas du corps plaqué de frises de feuilles entre une frise cordée et une frise perlée. Le haut du corps appliqué de quatre têtes d’Empereur et d’Impératrice à l'Antique et des grandes armes de Napoléon roi d’Italie, ceintes du collier de la Légion d’honneur.
Les anses attachées au corps par deux médaillons à têtes de femme dans un cadre rayonnant. Le couvercle uni, la prise en ébène en forme de gland reposant sur une terrasse de feuilles de laurier amaties.
H. : 15 cm – l. : 17 cm
Poids brut : 466 g
B.E.
Poinçons :
Sous la base : Poinçon de l'orfèvre Martin-Guillaume BIENNAIS et poinçon tête de femme grecque.
Sur le bord du pied : deux poinçons d’orfèvres dont un peu lisible.
Sur la bâte du pied : poinçon de garantie Paris 1798-1809.
Poinçon de contrôle (charançon).
Au col : poinçon de titre Paris 1798-1809 et poinçon de contrôle (charançon).
A l’intérieur du couvercle : poinçon tête de femme grecque.
Sur la bâte du couvercle : poinçon de contrôle (charançon) et la garantie.
Poinçons d’orfèvre manquant sur le couvercle et petit manque d’ébène à la base de la prise.
Provenance :
Ancienne collection napoléonienne du Palais Princier de Monaco (1ère vente, lot 167)
A silver-gilt drageoir applied with the arms of Napoleon King of Italy
Œuvre en rapport :
Une verseuse transformée en chocolatière aux armes de Napoléon Roi d’Italie, avec un décor proche, conservée au Musée du Louvre, inv. OA 10270.
Commentaire :
Martin-Guillaume Biennais
Deux orfèvres émergent nettement sous l’Empire à Paris, deux orfèvres que tout sépare : Jean-Baptiste-Claude Odiot et Martin-Guillaume Biennais.
Si le premier est issu d’une dynastie remontant à la fin du XVIIe siècle qui se poursuivra après lui jusqu’au début du XXe siècle, le second est un phénomène à part. Fils d’un laboureur de l’Orne, il naît le 29 avril 1764. Sa vie et son œuvre sont beaucoup mieux connues depuis l’étude approfondie que lui a consacrée Anne Dion-Tenenbaum, conservateur des Objets d’Art au musée du Louvre. Après avoir été qualifié domestique puis tourneur à Argentan (en 1785), on le voit réapparaitre en 1788 à la tête d’un commerce de tabletterie situé 510 rue Saint-Honoré, près du Pavillon de Marsan du Louvre. Son atelier ne variera pas d’adresse, seule la numérotation de la rue sera modifiée : 119-121 puis 281-283 et enfin 171-173. Cet atelier est toujours visible et est occupé de nos jours par un magasin de faïences.
Dès 1791, l’atelier qui porte le nom étrange « Au Singe Violet » montre une étonnante prospérité. L’année 1799 va consacrer son heure de gloire : le jeune général Bonaparte (28 ans) franchit la porte de l’atelier et prie le tabletier de lui fournir divers objets pour ses campagnes. Alors que tous se concurrents avaient refusé, Biennais avec un sens aigu du commerce qui ne le quittera jamais, accepte cette commande, tout en sachant qu’elle ne sera honorée que plus tard. Le résultat, spectaculaire, est que, dès 1804, Biennais est nommé officiellement « orfèvre de Sa Majesté l’Empereur ». Ce n’est qu’en 1801 ou 1802 que Biennais insculpe son poinçon d’orfèvre. Là encore, nouvelle singularité : il est le seul orfèvre parisien de tous les temps à n’utiliser qu’une seule lettre dans son poinçon de maître, un B pour Biennais. Et son différent (symbole inhérent à chaque orfèvre, placé entre les initiales de l’l’orfèvre) est naturellement un singe, assis, tourné vers la gauche.
Biennais saura s’appuyer sur les dessins des grands architectes de son temps, en particulier Percier mais aussi Fontaine. Son atelier emploie près de 200 collaborateurs (certains avancent même le chiffre de 600).
Naturellement, après Waterloo, les commandes de la Cour cessent brusquement et ce sont les cours européennes qui vont les pallier : Russie, Wurtemberg…
A la fin de l’année 1821, n’ayant ni fils ni gendre, il cède son atelier à Jean-Charles Cahier et va dorénavant gérer son patrimoine immobilier considérable, se partageant entre son château de la Verrière au Mesnil St Denis et Paris. Après sa mort, en 1843, sa veuve acquerra une maison à Yerres, aujourd’hui musée, qui sera reprise pendant près de 20 ans par le peintre Caillebotte.
Sous l’Empire, à l’instar de l’Empereur, tous les membres de la famille impériale vont confier leurs commandes à Biennais, et Odiot aura bien de la peine à faire entendre sa voix aux Tuileries. Seule Madame Mère succombera à ses sirènes. Tous les autres membres vont confier à Biennais leurs commandes, en prenant soin, pour chacun, de mettre en avant l’animal « fétiche » choisi par eux : le cygne pour l’Impératrice, l’abeille et l’aigle pour l’Empereur, le papillon pour Pauline Borghèse, sœur de l’Empereur etc…
Lorsque, en mai 1805, Napoléon s’arroge le nouveau royaume d’Italie, Biennais profite à nouveau de ses largesses. Cependant, seul un très petit nombre de pièces portent encore les armes de Napoléon comme roi d’Italie. En effet, la majorité ayant été expédiée à Vienne lors de la chute de l’empire, l’empereur d’Autriche décide de faire enlever es armes impériales et de les remplacer par les siennes. Ce service est aujourd’hui encore visible à la Hofburg.
Parmi les quelques pièces ayant résisté à ce retour de destinée, une cafetière transformée en chocolatière figure parmi les collections du Louvre (Inv. OA 10270). Anne Dion signale aussi dans son ouvrage un plateau et une cafetière à ces mêmes armes, illustrés dans Connaissance des Arts, novembre 1966, p. 84. Ledit plateau, provenant de la collection Albert Frère, a été vendu le 16 novembre 2005 (lot 97) par Sotheby's Genève (Collection Diane).