Galerie Clémence Dollier, Paris ; 

Acquis auprès de cette dernière par l'actuel propriétaire ;

Collection particulière, Paris

Né en 1869 à Bruxelles, étudiant en sculpture à l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles après avoir abandonné des études d'ingénieur, Arthur Craco intègre les ateliers de Constantin Meunier puis de Thomas Vinçotte. Après ses premiers pas dans le monde de l'art en tant que graveur, il produit à partir de 1896 ses premières céramiques dans son atelier de Bruxelles, avant de s'associer entre 1898 et 1908 avec Emile Eugène Declercq, un potier de Rebaix, vieux centre de production artisanale. 

D’une grande intensité expressive, notre terre cuite constitue une étude préparatoire pour l’ensemble monumental que Craco consacra à Saint Joseph et l’Enfant Jésus dans la basilique de Koekelberg. Cette esquisse, façonnée d’une main nerveuse et ardente, dévoile la pensée sculpturale de l’artiste à l’état brut : la recherche des volumes, la structuration des plans, la tension intérieure du modèle. Dans cet état d’élaboration, la figure de Saint Joseph se présente comme une tête sévère, presque archaïque, surgissant de la matière avec une puissance tellurique. Animé par de vigoureux coups de doigts et d’outil, le modelé est volontairement irrégulier, le visage, profondément creusé d’ombres, semble émerger de la masse informe comme une vision née de la terre elle-même. Les yeux clos ou à peine indiqués, le front bas et large, la barbe épaisse traitée en masses fragmentées, confèrent au saint un caractère méditatif, empreint d’une gravité silencieuse, bien éloignée de la bonhomie familière des représentations traditionnelles. La sculpture s’impose dès lors comme une étude psychologique autant que formelle : un fragment de mysticisme à l’état de recherche, dans lequel Craco parvient déjà à saisir l’âme de son sujet.