5 p. in-18 (16 x 11,5 cm), encre bleue sur papier crème.

« Vous avez changé le plafond, mais le plafond a changé la salle, et celle qu’il crée ne pourrait pas naître d’une salle moderne. »

Malraux remercie Chagall de son œuvre magistrale au Palais Garnier, et le défend de ses détracteurs.

Un soir de février 1960, André Malraux, ministre de la Culture depuis un an, détourne son attention de la scène de l’Opéra pour observer le plafond peint en 1875 par Lepneveu dans un style « pompier ». Audacieux, il lui vient l’idée d’en changer. Deux ans plus tard, il passe officiellement commande à Chagall, un vieil ami, d’un nouveau plafond destiné à camoufler l’ancien. Explosion de couleurs, l’œuvre aussi flamboyante que controversée est inaugurée le 23 septembre 1964.

Malraux répond avec humour aux critiques adressées à cette voûte audacieuse par ceux qu’il nomme les « crocodiles » : « si curieux que ce soit, l’admiration s’adresse réellement au plafond, et les attaques, à moi […]. Ceux qui regrettent que votre œuvre soit à l’Opéra et non dans un théâtre du Corbusier ou de Wright ne semblent n’y rien comprendre. »

Il fait également l’éloge de la puissance onirique de l’œuvre de Chagall : « le conte de fées du plafond s’accorde […] à cet écroulement de dorures auquel le temps commence à donner l’irréalité du théâtre du Marquis de Carabas. » Filant la métaphore, il ajoute que « plus le temps passera […], plus on nous félicitera d’avoir bien fait notre métier de Chats-bottés. »

Enfin, Malraux assure le peintre de sa confiance dans la capacité de l’œuvre à être reconnue à l’avenir comme un geste artistique grandiose : « Les gens comprendront bientôt tout cela […]. C’est pourquoi la France vous remercie de ce bouquet de noces d’or. »

Provenance

Madeleine Caglione, secrétaire personnelle d’André Malraux.

Autograph letter where André Malraux thanks Marc Chagall for his masterful work at the Palais Garnier and defends him against his critics.