En placage de noyer, ronce de noyer, ébène, marqueterie florale de bois fruitiers et de bois teinté, ornementation de bronze ciselé et doré, la façade à décor d’oiseaux et rinceaux fleuris au naturel ouvrant par une porte et douze tiroirs, le panneau central à motif de vase de fleurs sur un entablement dissimulant un intérieur en marqueterie géométrique muni de six tiroirs, deux vantaux en partie basse ornés d’une réserve octogonale en ressaut, les côtés à décor de chutes fleuries, reposant sur des pieds en boule aplatie d’époque postérieure ; restaurations
H. : 191 cm (75 ¼ in.)
l. : 131 cm (51 ½ in.)
P. : 51 cm (20 in.)
Provenance :
Vente à Versailles, le 19 juin 2011, lot 108 ;
Acquis au cours de cette dernière ;
Puis par descendance au propriétaire actuel.
A Louis XIV gilt-bronze mounted, walnut, burr-walnut, ebony and floral marquetry cabinet, circa 1680
*Information aux acheteurs :
Pour une sortie de l'UE, un CITES de ré-export peut être nécessaire, celui-ci étant à la charge du futur acquéreur.
*Information to the buyers :
For an exit from the EU, a CITES re-export certificate will be necessary, at the buyer's expense.
Exécuté dans les années 1680, ce cabinet à deux corps est remarquable par sa riche marqueterie de fleurs de rapport, de grande virtuosité et raffinement. Quelques-uns des motifs décorant ses panneaux rappellent des meubles réalisés par l’atelier d’André-Charles Boulle, notamment ceux à bouquets de fleurs jaillissant parmi des fleurons campaniformes à trois palmettes d’acanthe, posés sur des consoles formées par des bandes à l’italienne à enroulements de volutes, qu’on voit sur les panneaux des battants de la partie inférieure ou sur les côtés du meuble, aussi le soubassement du vase qui décore le vantail du caisson supérieur.
Ces éléments ne sont pas sans rappeler le décor présent au dos d’un bureau brisé à caissons
(fig. 1-2) ou sur le battant d’un cabinet (fig. 3-4), les deux attribués par Calin Demetrescu à André-Charles Boulle (1).
Par ailleurs, sur ce dernier, qui avait été présenté à Versailles lors de l’exposition 18e, aux sources du design (2), est figuré un oiseau posé sur une volute très proche, lui aussi, de celui disposé sur le vantail cintré de notre cabinet tandis que l’intérieur présente des motifs de filets et de rinceaux assez similaires (fig. 5).
On connaît trois autres meubles sur lesquels se retrouvent des motifs quasiment identiques au nôtre. L’exemplaire le plus proche est un cabinet à deux corps présenté à la Biennale des Antiquaires de Paris en 1986 (fig. 6) dont nous ignorons malheureusement la localisation actuel. Ce dernier est aussi orné de fleurons formés par trois feuilles d’acanthe, disposés dans les panneaux et dans les écoinçons des battants de la partie inférieure, et d’un vase identique sur le vantail du caisson. Parmi les fleurs composant les bouquets sur ce cabinet, on distingue également des tulipes et un oiseau assez ressemblants à ceux représentés sur notre meuble. Autant d’éléments que l’on retrouve aussi bien sur un autre exemplaire vendu chez Artcurial le 26 novembre 2018, lot 15
(fig. 7) ou bien sur un bureau mazarin vendu chez Tajan Paris, le 17 juin 2015, lot 247 (fig. 8).
Certainement notre cabinet et ces autres meubles furent réalisés par le même marqueteur ou, plus vraisemblablement, exécutés par le même atelier d’ébéniste. Malgré les similitudes avec les pièces d’André-Charles Boulle citées, il serait cependant difficile de lui attribuer avec certitude cet autre groupe de meubles auquel appartient notre cabinet. Cependant il aurait pu être exécuté par l’un des compagnons et des ébénistes que le maître avait employé au fil du temps pour les travaux de son atelier, tels Denis Desforges, Philippe Poitou, qui avait épousé en 1672 Constance Boulle, sa sœur (3), et notamment son cousin germain, Pierre Boulle dit de Kercosve, déjà présent en 1677 au mariage
d’André-Charles (4) et qui lui réclamait 1 700 livres en 1710, par un placet adressé au duc d’Antin, où il représente qu’il travaille depuis 35 ans pour Charles Boulle son cousin ébéniste et marqueteur de Sa Majesté (5).
1. C. Demetrescu, Le détail de tout. L’ornement ou repères pour une méthode d’attribution du mobilier louis-quatorzien, Les Cahiers de l’Ornement, 2, Rome,
De Luca Editori d’Arte, 2016, p.160-164 et Fig. 7 et 9.
2. D. Alcouffe, (sous la dir.),18e, aux sources du design, chefs-d’œuvre du mobilier de 1650 à 1790, cat. exp., château de Versailles 26 octobre 2014 au
22 février 2015, cat. 4, p. 68-71.
3. Arch. nat., Min. cent., XLIII, 144, du 23 mai 1672, cité par J.-P. Samoyault, André-Charles Boulle et sa famille. Nouvelles recherches. Nouveaux documents, Genèvre, Droz, 1979, p. 36.
4. Arch. nat., Min. cent., XLVI, 124, du 19 février 1677, cité par J.-P. Samoyault, ibid., p. 38.
5. Arch. nat., O1 1083, p. 58-59, du 17 février 1710, cité par
J.-P. Samoyault, ibid., p. 93.