Buste en bronze
Le revers de la base portant une étiquette en papier avec le numéro 078
H. : 27 cm (10 ¾ in.)
Provenance :
Professeur Dr. Werner Gramberg
(1896–1985), Germany.
Exposition :
Sechs Sammler Stellen Aus, exh. cat., Museum für Kunst und Gewerbe, Hamburg, 7 avril - 11 juin, 1961, p. 36, no. 76
Bibliographie comparative :
Sechs Sammler Stellen Aus, exh. cat., Museum für Kunst und Gewerbe, Hamburg, 7 avril - 11 juin, 1961
R. Coppel, Two Portraits of Philip IV when he was prince, Jaime Eguiguren Studies , no. 5 , 2019.
A bronze bust depicting the portrait of Philip IV (1605-1665), Rutilio Gaci (c. 1570-1634), first quater 17th century
*Information aux acheteurs :
Lot en provenance hors CEE : aux commissions et taxes indiquées aux conditions générales d'achat, il convient d'ajouter la TVA à l'import (5,5% du prix d'adjudication).
*Information to the buyers :
Lot from outside the EEC : an import tax (5,5 % of the hammer price) will be due, in addition to the commissions and taxes indicated in the general conditions of purchase.
Né à Castiglion Fiorentino, Arezzo, de Pandolfo di Bartolomeo Gaci, capitaine au service de la famille Médicis, et de Lorenza Portagioia, Rutilio Gaci devient page du grand-duc de Toscane François Ier, en même temps que son frère Cosimo. Nous avons peu d’information sur ses débuts en Italie, hormis son admission à l’Accademia del Disegno le 17 avril 1583. En 1587, Gaci se trouve déjà à Madrid, ville où il passera la majeure partie de sa vie, travaillant comme secrétaire de Pietro de’ Medici (1554-1604). Comme l’attestent les sources contemporaines, à la cour d’Espagne, Gaci s’est forgé une réputation de modéliste en cire et de médailleur de grand talent.
Curieusement, ses activités artistiques en Espagne sont signalées pour la première fois en 1606, près de vingt ans après son arrivée, et semblent coïncider avec la chute de Pompeo Leoni (fils de l’artiste milanais Leone Leoni, Pompeo (1533-1608) était le sculpteur le plus en vue de la cour de Philippe II). En 1606, Gaci réalise un petit modèle équestre de Philippe II (1527-1598) en cire et stuc, que son successeur, Philippe III (1578-1621), apprécie tellement qu’il lui commande un monument équestre. C’est ainsi qu’entre 1607 et 1609, Gaci reçoit la prestigieuse commande de la Toscane de réaliser un portrait de Philippe III, probablement en cire, pour servir de modèle au bronze équestre qui avait été commandé à Giambologna, mais qui fut exécuté par Pietro Tacca, suite à la mort du maître flamand en 1608.
Après un long voyage depuis Florence, la statue est arrivée à Madrid en 1616, offerte par Cosimo II (1590-1621), et a été placée au centre de la Plaza Mayor, où elle se trouve encore aujourd’hui. La production de Gaci comprend également une série de magnifiques médailles et les modèles de plusieurs fontaines publiques pour la ville de Madrid, réalisées entre 1617 et 1620 en collaboration avec l’architecte Juan Gómez de Mora (1586-1648), qui n’ont malheureusement pas survécu.
Magnifiquement modelé, notre buste en bronze représente la tête, les épaules et le haut du torse d’un jeune homme imberbe revêtu d’une armure fantaisiste, composée d’une cuirasse ornée de têtes de lions sur les épaules, d’où émerge une incroyable collerette. Ses cheveux sont écartés du visage, qui se caractérise par un menton proéminent, des lèvres pleines, un long nez et des paupières tombantes. Doté d’un cartouche ovale vide orné de rinceaux, le buste repose sur un exquis socle hexagonal orné de volutes florales. Cette composition présente une ressemblance frappante avec la statue en bronze doré de Philippe IV à cheval lorsqu’il était prince (inv. E000444), conservée au musée du Prado, à Madrid. L’identité du personnage, d’abord considéré comme représentant Philippe III, est maintenant considéré comme étant celle du jeune Philippe IV, en raison de la grande similitude avec son portrait (Musée du Prado, Madrid, inv. P001234) par Rodrigo de Villandrando. Datant d’environ 1620, sur la base de l’âge du prince, le bronze doré du Prado était attribué jusqu’à récemment à Pietro Tacca. Anthea Brook, historienne de la sculpture florentine du XVIIe siècle, a été la première à proposer une attribution à Rutilio Gaci, Rosario Coppel a attribué de manière convaincante ce bronze doré à l’artiste, en le comparant à la médaille de proclamation en bronze signée de Philippe IV conservée à l’Arsenal national (inv. 1992/81/21).
La juxtaposition de la médaille et du bronze doré du Prado révèle d’étroites similitudes dans le rendu du profil, avec un large front, un long nez et des cheveux et des oreilles soigneusement modelés, que l’on peut également observer dans le bronze actuel, ce qui nous permet de l’attribuer à la même main. En outre, dans le bronze actuel, le traitement de la collerette, qui repose sur le menton et dépasse à l’arrière, est remarquablement similaire. Un buste en bronze plus petit (inv. 32.100.192), aujourd’hui conservé au Metropolitan Museum of Art, New York, mesurant 12,9 cm, et catalogué comme « Portrait d’homme », avec une attribution à Hubert Gerhard, montre le même portrait de Philippe IV, mais avec une moustache.
Notre bronze faisait partie de la collection du professeur Werner Gramberg et a été présenté en 1961 lors de l’exposition « Sechs Sammler Stellen Aus » au Museum für Kunst und Gewerbe de Hambourg, où il a été daté de 1620 et attribué à un artiste de la cour de Prague. Cette statuette en bronze aux allures de bijou, apporte un élément supplémentaire sur la production artistique de Rutilio Gaci, un artiste ayant d’importantes relations avec les cours florentine et espagnole, dont l’œuvre incarne l’art technique et la sensibilité caractéristiques du début du XVIIe siècle.