Daté '1608' dans le berceau en bas à gauche
The visit to the nursery, oil on panel, dated, Flemish School, 1608
20.66 x 26.37 in.
Galerie De Jonckheere, Paris et Genève, 2014 (comme Abel Grimmer)
Un couple bourgeois accompagné de leur servante vient de rentrer dans un intérieur rustique au sein duquel plusieurs familles vivent et travaillent. La date 1608 apposée sur notre panneau nous renseigne précisément sur la période concernée. L'ordre règne dans ce logis, baigné d'une certaine atmosphère d’«opulence » : tout semble intact, propre et les vêtements sont en bon état. Un étameur, un couple à la baratte, une femme partant chercher de l’eau, un vieil homme buvant du lait, les enfants près du feu et jusqu’au chien qui a pris la place du plus jeune dans le berceau ; chacun est à sa place, offrant une vision immuable du monde rural en ce début de XVIIe siècle. Dans cette composition dérivant d’un original de Jan Brueghel l’Ancien (fig. 1)1, le sujet concerne plus l’échange de bons procédés qu’une critique sociale. Notre tableau illustre une action commune mais ne condamne pas l’usage de la mise en nourrice, chaque personnage étant par ailleurs marqué par une certaine bonhomie. L'air de la campagne, pur et vivifiant, s'opposait à celui des villes qui n'était pas " recommandé " pour les nourrissons. Cette mise à distance arrangeait le confort des familles aisées qui s'éloignaient ainsi des cris, des pleurs et des multiples contraintes des premiers mois et années de la vie d'un enfant. Il faudra attendre la seconde partie du XVIIIe siècle, comme l’ont récemment développé Emmanuelle Brugerolles et David Guillet2, pour que les classes les plus privilégiées de la société ne désirent plus se séparer de leurs enfants dans leurs premières années, privilégiant un plus grand épanouissement sentimental.
1 – Jan Brueghel l’Ancien, huile sur cuivre, 27 x 36 cm., Vienne, Kunsthistorisches Museum, INV 674.
2 – Emmanuel Brugerolles, David Guillet, La nourrice et l’enfant, De Greuze à Daumier, Paris, 2025